Histoire de St-Agrève
Saint-Agrève est née sur le mont Chiniac. Au seuil de l’histoire, ce n’est encore qu’un pauvre village, à peine quelques masures accrochées au flanc de la colline. On raconte qu’à cette époque, le pays était peuplé et exploité par les Segovellaunes, une tribu de Gaulois apparentés au peuple helvien et qu’une immense forêt recouvrait le plateau. La colline elle-même se serait appelée le mont Ursin, la montagne aux ours.
Arrive l’emprise du pays par les Romains. Séduits par la position stratégique du mont Chiniac, ils y bâtissent un fort. Le mont Ursin devient alors Cinnacum, la ville de Cinna. Ce nom, par corruption, serait devenu Chinacum. Ainsi protégée, la cité se développe et voit le plateau se garnir de petites exploitations agricoles. Des grands ports de la vallée du Rhône, plusieurs routes convergent vers Saint-Agrève pour se diriger ensuite sur le Puy et le pays vellave. Ce premier réseau routier orientera, pendant des siècles, la vie militaire et économique du village.
La religion chrétienne se répand peu à peu en Ardèche. Les campagnes restent longtemps rebelles à la foi nouvelle et ce n’est qu’au début du VIIe siècle qu’un évêque du Puy, nommé Agrève, évangélise le plateau de Saint-Agrève où il meurt le 1er février de l’an 602. En souvenir de lui, les habitants débaptisèrent Chinacum pour en faire Sanctus Agrippa, Saint-Agrève.
L’événement marquant de ce XVIe siècle est le développement des guerres religieuses. Introduite en 1538, le "religion prétendue réformée" comme disent les catholiques de l’époque, se répand rapidement à travers le Vivarais. En 1562, la Réforme gagne Saint-Agrève. La ville devient le théâtre de sièges successifs où tour à tour, catholiques et protestants se disputent la place. Ainsi le mois de mars 1563 voit la prise de Saint-Agrève par le comte de Tournon auquel le succès coûta la vie. Quelques années plus tard, son fils Just et Saint Vidal, gouverneur du Velay, marchent sur Saint-Agrève à la tête de six cents chevaux, cinquante à soixante enseignes de gens de pied et douze canons. Le siège débute le 15 septembre 1580. Le 25 septembre, la ville est prise et rasée. En 1585, l’édit de Nemours interdit le culte réformé et rallume les guerres civiles. Jacques de Chambaud, chef des protestants, prévoyant une attaque, fortifie la ville et la déclare imprenable. Le comte de Tournon, sénéchal du Puy, et Saint-Vidal assiègent Saint-Agrève avec une armée d’environ douze mille hommes et quatre canons. Le 8 octobre 1588, après une résistance de huit semaines, Chambaud capitule. Saint-Agrève est rasée pour la seconde fois.
À partir du XVIIe siècle, le développement de Saint-Agrève ne se fait plus seulement sur la colline. Une rue animée s’étend entre deux places, l’activité commerciale étant concentrée dans le bourg. Le réseau routier est amélioré et Saint-Agrève, ville de foire, propose un grand nombre d’auberges et de remises, la commune devenant ainsi un relais et un entrepôt, notamment pour les muletiers et les charretiers.
En 1902, le chemin de fer fait son apparition, avec le développement du réseau départemental du Vivarais. Cette évolution favorise les déplacements des travailleurs de la région, dont le nombre s’est accru avec la révolution industrielle, mais aussi le développement touristique de Saint-Agrève, qui devient un leu de repli des citadins en quête de grand air. Aujourd’hui, cette ligne historique est uniquement touristique : nommée le Velay Express, elle a été remise en service et exploitée par les voies ferrées du Velay.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Saint-Agrève est, comme d’autres communes du Vivarais, un lieu de repli et d’accueil pour la communauté juive.
De nombreux renseignements sur les bâtiments, les rues et places de Saint-Agrève se trouvent dans le parcours Chiniacum. (panneaux à différents endroits du village)
en savoir plus...